Comptable depuis des années, Isabelle Hadji, quarantenaire, fait le grand saut vers l’entrepreneuriat. Elle ne laisse pas son handicap l’empêcher de saisir sa chance.
Campée sur sa chaise, le regard franc, Isabelle Hadji semble plus que disposée à répondre aux questions. Cette posture reflète une détermination dont la mère, de deux enfants, a dû faire preuve toute sa vie. Actuellement comptable dans une entreprise du CAC 40, « accéder à ce poste n’a pas été une évidence », livre Isabelle Hadji. Malentendante, ce handicap a posé beaucoup d’obstacles sur son chemin, que la comptable a surmonté avec brio. L’obtention de sa maîtrise de comptabilité, par exemple, habituellement effectuée en quatre ans lui a demandé six années. Durant cette période, Isabelle Hadji a montré une grande capacité d’adaptation. « Je ne me suis pas laissé abattre par l’adversité notamment, pendant le contexte compliqué des années 1990, continue la quarantenaire, où rien n’était mis en place pour soutenir les personnes malentendantes ». Alors que la technologie en est à ses débuts, Isabelle Hadji décide de créer son propre fonctionnement pour suivre les cours. « J’enregistrais les cours pour les retranscrire le soir, je prenais les notes de mes camarades, et je me suis inscrite à des cours à distance au CNED », explique la comptable. Malgré sa surdité, elle compte se faire entendre : elle est bel et bien présente. Elle finit par obtenir son diplôme et se lance alors sur le marché du travail.
Faire le choix de l’entreprenariat
Ayant toujours eu l’envie d’entreprendre, Isabelle Hadji réalise que le salariat n’est peut-être pas le statut qui lui convient. À force de recherches et de remises en question, elle découvre le potentiel d’Internet. « Internet est à la fois une opportunité en or et une machine redoutable », s’amuse Isabelle Hadji. Issue d’une famille de commerçants, elle puise dans ses racines pour nourrir ses projets d’e-commerce. Son objectif est la création d’un site vendant divers produits cosmétiques. « Pour le moment, je ne souhaite pas trop m’étendre sur mon projet entrepreneurial, qui est encore en construction », suggère la comptable. L’entreprenariat devrait permettre à Isabelle d’atteindre l’indépendance financière et ainsi, d’être « sa propre patronne » ajoute-t-elle.
Née au Bénin, elle porte ce pays dans son cœur. « J’ai eu de la chance quand mes parents m’ont sorti de mon village et envoyé en France. J’ai pu bénéficier de beaucoup d’avantages », affirme Isabelle Hadji, dont l’accès à des appareils auditifs ». Elle considère d’ailleurs, qu’il est de son devoir de rendre ce qui lui a été donné. Isabelle Hadji envisage donc également de se lancer dans l’humanitaire, afin d’apporter son aide aux personnes malentendantes dans son pays d’origine, notamment en démocratisant l’usage de prothèses auditives. « Je me sens la mieux placée pour savoir que le fait d’être malentendant peut miner la confiance en soi », se confie la comptable. « Il ne faut rien lâcher, ne pas laisser la surdité prendre la place de ce que vaut la personne. Il ne faut jamais cesser de se battre. Il faut tout faire pour ne pas laisser la surdité miner son moral », conseille Isabelle Hadji. Une force de caractère qui, à n’en pas douter, pourra la mener loin.
Olivia Bonon
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