L’exposition Art Indociles, met en lumière différentes vulves. L’artiste Foufounart dénonce la sous-représentation des sexes féminins dans l’art. Cette artiste voit dans « la représentation des sexes, une manifestation éclairante de la manière dont est structurée notre société ». Exposées à la Librairie à soi.e dans le 1er arrondissement de Lyon, ces œuvres ont une démarche féministe.
La librairie féministe Librairie à soi.e, située à Hôtel de Ville, accueille du 8 janvier au 4 février, Art Indociles par Foufounart. Cette exposition a pour but de montrer le sexe féminin sans tabou en jouant avec les matériaux et les motifs. Foufounart a comme démarche, à travers ces œuvres, « de donner à voir le sexe féminin, à lui rendre sa place et sa légitimité, avec délicatesse et sans complexe ». Sous le pseudo Foufounart se cache une femme d’une quarantaine d’années. Marion, 43 ans, bibliothécaire civile, trouve que « dans l’histoire de l’art, le sexe féminin est peu représenté. Contrairement aux attributs masculins, beaucoup plus présents, la vulve est voilée, masquée par une posture opportune voire radicalement gommée du corps de la femme ». Foufounart a découvert très récemment son amour pour l’art. Elle a commencé avec des collages dans la rue en 2021. « Je me suis prise au jeu et depuis je n’arrête pas, j’ai plein d’idées », explique l’artiste. La vulve est, pour Marion, son médium pour s’exprimer et s’affirmer en tant que femme. « Je suis partie du constat que depuis mon enfance, j’ai toujours eu accès très facilement à des représentations de sexe d’homme, et jamais de femmes », livre Foufounart.
Une honte encore trop présente
« Il y a un vrai tabou autour du sexe féminin, pense Marion, ça illustre la place de la femme dans notre société de manière plus générale. Elle est un peu cachée, elle ne se met pas en avant, elle est éduquée à ne pas s’affirmer, à être dans l’inconnaissance d’elle-même, de son corps, de ses capacités ». Comme chaque femme a une vulve différente, il était également important pour Foufounart de représenter cette différence.
« Chaque vulve est unique, je n’utilise pas de moule, je joue sur les formes de chacune des vulves pour que justement elles ne soient pas identiques », ajoute l’artiste. Pour certaines femmes, cette différence est une source de complexe. La vulvo-plastie est une chirurgie qui permet une reconstruction vaginale et prend de plus en plus d’ampleur ces dernières années. Avec cette exposition, « l’idée est de dire aux femmes, affirmez-vous, n’ayez pas honte de ce que vous êtes, et puis ce n’est pas plus à cacher qu’un sexe d’homme qu’on n’a pas tellement caché jusqu’ici », reprend Marion.
Le sexe féminin et tout ce qui va avec, les menstruations, les violences gynécologiques, etc. sont sous-représentés dans l’art et dans la société en général. « Je pense que c’est pour asseoir une forme de domination, s’insurge Foufounart, car le corps féminin donne la vie, donc d’une certaine manière c’est celui qui a le pouvoir ». Marion est d’une génération où elle a appris comment elle était faite après avoir su comment était fait un garçon. « C’est aberrant, c’est comme s’il y avait une crainte, de la honte, de la culpabilité. On nous enferme dans des schémas toxiques », dénonce l’artiste.
Malgré ce gêne autour de la représentation du sexe féminin, les réactions ont été toutes positives autour du travail de Foufounart. « J’ai eu des super bons retours, de femmes mais aussi d’hommes, mais clairement ma mère n’est pas au courant de ce que je fais et ne le sera sûrement jamais », livre Marion. Ces premiers collages dans la rue n’étaient, au départ, qu’un défi qui est rapidement devenu une passion. « Je ne pensais pas continuer mais le fait d’avoir trouvé un moyen d’expression artistique c’était super épanouissant pour moi », clôture l’artiste.
Venus Impudica, habillage impudique de « Venus Pudica », cadre composé de 73 vulves en argile polymère, peinture acrylique.
Carmen Buecher
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