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Photo du rédacteurCarmen Buecher

La présence des femmes dans le monde sportif

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel français a mis en place en 2014 la journée internationale du sport féminin. En collaboration avec le Comité national olympique et sportif français, ces instances ont pu remarquer la sous-médiatisation du sport féminin. Cette fête civile a pour but d’augmenter la visibilité du sport féminin et de contribuer à sa meilleure représentation dans les médias. Mais le combat s’arrête-t-il là ?


Cette journée internationale, créée en 2014, est depuis, soutenue par plusieurs ministères, associations et comités sportifs. Cette opération médiatique a quatre objectifs principaux : le développement de la pratique féminine du sport, la présence des femmes dans les instances dirigeantes sportives, l’économie du sport féminin et la médiatisation du sport féminin. En effet, l’égalité entre les hommes et les femmes est très loin d’être atteinte dans le monde du sport. Cette journée soulève également des questionnements. Médiatisation plus faible, écarts de salaire, statut professionnel différent, sous-représentation de la femme dans les fédérations… il reste encore beaucoup de chemins à parcourir.


Des freins importants


En 2016, seulement 16 femmes étaient présidentes parmi 117 fédérations sportives. Isabelle Lamour et Nathalie Péchalat sont les deux seules femmes présidente d'une fédération olympique (sport de glace et escrime), aujourd’hui. Pourtant, des fédérations sportives, comme l’équitation et la gymnastique, qui possèdent majoritairement des adhérentes, sont présidées par des hommes.

Selon l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire, 10,1 millions d’hommes sont licenciés dans une fédération sportive contre 6,3 millions pour les femmes, en 2016. Les femmes représentent 38,3 % des licenciés français. Les sportives sont plus présentes dans les sports tels que l’équitation (535 165), le tennis (301 264), la gymnastique (252 864) et le handball (196 337). Concernant les licences sportives, en 2016, les femmes représentaient 6 % des licenciés au rugby, 5 % pour le football, mais également 86 % des sports de glace et 81 % en gymnastique.

Des freins sont conjecturés pour expliquer cette différence du nombre de licences, comme le manque de temps et le manque de confiance en soi. Le fait de se sentir jugé par les autres et de ne pas se sentir à la hauteur sont des difficultés rencontrées par les femmes.


Une loi non respectée


La loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les hommes et les femmes n’est pas respectée dans le monde du sport. Cette règle n’est toujours pas appliquée dans toutes les fédérations olympiques françaises. Quand les femmes représentent un quart des licences dans une fédération, 40 % minimum des sièges dans les instances dirigeantes doivent leur revenir. Pour les autres, l’obligation descend à 25 %. En 2020, le judo, le ski et le triathlon étaient en infraction de loi. Les bureaux exécutifs, qui regroupent les postes de président, vice-président, directeur général, … sont encore très masculins. Seulement deux fédérations sur 36 respectent une stricte parité au sein de ces bureaux. L’infraction de la loi du 4 août 2014 pourrait entraîner la perte de financements publics au niveau national et local. Mais pour le moment, il n’y a eu que des rappels à l’ordre.


Des évolutions remarquées


Quand Pierre de Coubertin a remis en place les JO en 1894, les femmes étaient exclues. Pour lui, « le rôle de la femme reste ce qu'il a toujours été : elle est avant tout la compagne de l'homme, la future mère de famille, et doit être élevée en vue de cet avenir immuable ». Les JO représentent « l’exaltation solennelle et périodique de l’athlétisme mâle avec […] l’applaudissement féminin pour récompense », selon le baron. Les femmes organisent alors leurs propres rencontres sportives. Les « jeux mondiaux féminins » prennent vie. En 1928, cinq épreuves d’athlétisme sont introduites lors des JO d’Amsterdam. En 2007, la charte olympique rend obligatoire la présence des femmes dans tout sport, un engagement renforcé en 2015. La participation des sportives aux JO n’arrête pas de croître. Les femmes ont représenté 13 % des participants aux JO de Tokyo en 1964, 38 % en 2000 à Sydney, et environ 45 % à Rio en 2016.

Les médias ont aussi une responsabilité dans l’émergence des femmes dans le monde sportif. À cause d’une sous-médiatisation, les compétitions féminines ont été, pendant longtemps, très peu présentes dans les différents médias. Mais le Championnat d’Europe de football féminin 2017 a été l’une des compétitions les plus populaire en Europe. En France, plus de 51 heures ont été retransmises sur les chaînes du groupe France Télévisions, contre moins de 12 heures pour le championnat de 2013. Le rugby féminin connaît aussi une hausse d’heures en termes de couverture médiatique. Le quart de finale entre la France et les Etats-Unis, pour la coupe du monde de football féminin en 2019, a battu tous les records. Ce match a été la plus forte audience de l’année, avec plus de 10,7 millions de téléspectateurs.


L’équipe norvégienne de beach-handball a récemment eu gain de cause. Les joueuses avaient reçu une amende de 1500 € lors des JO d’été de 2021, pour avoir enfreint les règles de la Fédération, car elles portaient un short à la place d’un bikini. La fédération Internationale de Handball a dernièrement changé son règlement. Les équipes féminines sont autorisées à porter un short, toutefois « court et serré ». Des médias spécialisés dans le sport féminin apparaissent (Femmes de sport, Les Sportives), des fondations sont créées pour plus de mixité dans le sport (Fondation Alice Milliat), et le combat ne s’arrêtera pas là.


Carmen Buecher

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